Cette réflexion a été écrite par Olivier Crespel musicien et historien de l'art.
Le confinement de 2020 a rendu l’exercice du travail impossible pour toute une tranche de la population, notamment celle des artistes. En tant qu’artiste performant principalement en milieu scolaire, l’exercice de ma profession s’est vu du jour au lendemain mise à l’arrêt total.
Lorsque Géa Zazil m’a parlé de son projet VideoconfeDANSES et m’a proposé d’y participer, cela a immédiatement attisé mon intérêt.
Est-il possible de réaliser par vidéoconférence des spectacles et animations qui ne soient pas que la pâle imitation de ce que nous faisons déjà « en réel », sans passer par le biais d’un écran ?
L’invitation à assister aux sessions de Géa Zazil me mettait devant ce constat : en ce qui concerne la danse, ces sessions fonctionnent très bien. Les enfants sont enthousiastes, le langage utilisé (propre à l’univers de la vidéo) est compris par les participants, les propositions sont intéressantes. Bref la chimie prend.
En préparant la session d’animation artistique que j’allais réaliser pour VideoconfeDANSES, ma préoccupation était celle-ci : cela fonctionne pour la danse, comment faire en sorte que cela soit également le cas pour les domaines artistiques que je couvre ?
Ce que je propose habituellement en milieu scolaire est la découverte d’artistes peintres. Ceci par les médiums que sont le théâtre, la musique et l’expression corporelle.
Ma préparation a donc consisté à penser comment utiliser ces médiums artistiques en passant par des caméras et des écrans.
Quelles sont les particularités de ces outils ?
Qu’est-ce qui peut fonctionner en 2 dimensions ?
Quels sont les possibilités qu’offrent ces outils et que n’offrent pas des animations artistiques classiques.
L’élément le plus important à intégrer est celui-ci : l’animateur possède une scène personnelle, et chaque participant possède également sa propre scène. Il s’agit du champ de la caméra. Ce qui est dans le champ est visible à l’écran, ce qui est hors champ est invisible. Chaque participant dispose de l’équivalent d’une scène de théâtre bordée des rideaux qui peuvent le rende invisible.
Durant la session, j’ai exploité divers éléments que sont :
La représentation théâtrale de différents personnages. Pour cela j’ai expérimenté l’utilisation de divers plans en fonction des effets désirés.
L’utilisation des ressources graphiques qu’un écran permet. Transformations en live d’images par les enfants, courtes animations vidéo. Divers éléments graphiques présents dans des tableaux ont servi de point de départ pour la recherche de mouvement par les enfants.
L’utilisation de sons préenregistrés qui ont provoqué la curiosité des enfants.
L’utilisation de racks d’effets pour transformer ma voix.
La pratique de plusieurs instruments de musique qui ont déclenché le mouvement chez les enfants. Des consignes étaient données préalablement aux participants afin que les changements d’interprétations musicales guident les changements de mouvements.
Réflexions :
La technologie est évidemment l’élément clef de ces sessions. Elle a ses avantages et ses inconvénients : elle rend possible des techniques d’animation artistique qui ne pourraient pas être utilisées lors d’une session classique.
Mais avec la technologie viennent également les problèmes techniques.
Des connections qui peuvent être mauvaises par moment. Au niveau de la pratique d’un instrument, des problèmes de son (un micro qui ne marche pas bien) peuvent engendrer également une frustration au premier abord. Je pense que les problèmes techniques peuvent être réglés, et que s’y on y est préparé, ce sentiment de frustration premier disparaît.
L’animateur musical doit prendre en compte que le son n’est pas toujours synchronisé, il peut y avoir un petit retard. Cela ne permet pas aux participant de jouer tous de la musique ensemble, dans le même rythme. Il y a cependant une quantité innombrable d’autres possibilité à explorer concernant la pratique instrumentale lors de sessions de vidéo-conférences.
Cette expérience a été pour moi enrichissante, les enfants ont répondu avec enthousiasme à mes propositions. Les questions sur lesquelles il pourrait être intéressant se pencher dans le futur sont : quelles sont les valeurs qualitatives des animations artistiques classiques, et des animations artistiques par vidéo-conférence. Ces deux catégories répondent-elles aux mêmes demandes ? Seront-elles en compétition à l’avenir ? Comment seront développées ces animations numériques qui en sont à leur tout début ?
Photo de Michel Brébant
コメント